La peur du manque est l’une de celles qui nous empêchent le plus d’être nous-mêmes. Que ce soit dans notre vie sentimentale, financière, professionnelle, amicale, elle nous freine et nous force souvent à une manière d’être ou de penser qui n’est pas toujours adaptée à notre vraie personnalité. De plus, cette crainte nous fait vivre beaucoup de stress, d’incertitude, et parfois même, d’angoisse. Nous nous sentons alors prisonniers de cet état d’esprit.
Vous pouvez ressentir la peur du manque dans différentes sphères de votre vie, et les exemples sont nombreux. Avez-vous déjà eu peur de :
- Perdre l’amour de votre enfant en établissant des règles strictes ?
- Avoir besoin d’un objet si vous décidez de vous en débarrasser ?
- Manquer d’argent si vous quittez votre emploi ?
- Fâcher et éloigner un ami en refusant de l’aider à déménager ?
- Rater une opportunité en prenant le temps d’y réfléchir ?
- Perdre votre conjoint en lui exprimant vos besoins ?
- Manquer de temps pour terminer un dossier ?
Avec le temps, j’ai réalisé que cette peur a beaucoup influencé mes choix de vie, et pas toujours pour le mieux. Pour ma part, je ne crois pas que nous pouvons nous en défaire complètement, car on ne peut pas vaincre nos peurs. Par contre, nous pouvons l’apprivoiser. Pour y arriver, la première étape consiste à la reconnaître.
D’où vient la peur du manque ?
« La peur de manquer vient du sentiment d’insécurité qu’elle engendre », explique Thierry Gallois, psychologue spécialiste des maladies liées au stress, et auteur du livre Psychologie de l’argent (Ed. L’Archipel, 2003). Cela me fait penser à la pyramide d’Abraham Maslow :
La peur du manque serait donc associée à un ou plusieurs besoins fondamentaux. Si vous avez peur de manquer d’argent, ce peut être relié à votre besoin d’avoir une sécurité d’emploi ; mais en creusant un peu, c’est peut-être également lié, consciemment ou non, à votre besoin de vous nourrir ou de vous loger. Si vous avez peur que votre conjoint vous quitte, il est probable que ce soit relié à votre besoin d’appartenance et d’amour, mais cela pourrait aussi toucher à votre besoin d’estime de vous-même.
Ce que peut entraîner la peur du manque
Cette insécurité peut se manifester même lorsque tout semble bien aller. « Si enfant, vous avez souffert du manque, vous pouvez, alors même que votre situation vous met à l’abri de la misère, éprouver une peur importante de la perte de cette situation et de la dégringolade sociale », souligne M.Gallois. En effet, si certains adultes ont évoqué cette peur pendant votre enfance, et que vous aviez ressenti leur angoisse, cela vous a peut-être marqué assez profondément pour que cette peur vous hante aujourd’hui. Et même si vous jouissez d’une excellente situation, vous pourriez redouter anxieusement de la perdre. Comme l’explique M. Gallois,« Il est aisé de monter dans l’échelle sociale, mais honteux d’en descendre. »
Et que dire de cette tendance que nous avons souvent à amasser des objets qui ne nous servent plus, ou encore qui pousse certaines personnes à faire des achats compulsifs en temps de crise ? « Il s’agit là d’un comportement tout à fait basique, et archaïque » affirme le psychiatre et psychothérapeute Jérôme Palazzolo, auteur du livre Je me libère de mes phobies (PUF, 2016). « La peur du manque va attiser le désir d’accumuler. »M. Palazzolo fait même un rapprochement entre le désir d’accumuler et l’instinct de survie. Nous pouvons alors comprendre à quel point la peur du manque peut engendrer du stress et de l’angoisse.
Comment se libérer de la peur du manque ?
L’instinct de survie est très fort, ce qui rend la tâche difficile, du moins en apparence. Mais nous pouvons nous libérer de cette peur en ne la laissant pas prendre le contrôle de nos émotions. En fait, la meilleure façon de s’en délivrer est de l’apprivoiser.
La première étape est d’apprendre à vous connaître, en vous posant trois questions essentielles.
- De quoi avez-vous le plus peur de manquer ou de perdre ?
- Qu’est-ce qui se cache derrière cette peur du manque ?
- Que pouvez-vous faire maintenant pour réduire cette peur ?
Pour que ce soit encore plus efficace, allez plus loin en vous demandant « pourquoi », « comment » ou « quoi d’autre », deux ou trois fois de suite, pour chacune de ces questions. Voici un exemple d’application de cette technique.
- De quoi avez-vous le plus peur de manquer ou de perdre ? J’ai peur de manquer d’argent. Pourquoi ? Parce que mes revenus sont très bas. Pourquoi ? Parce que je perds du temps à chercher ce que je pourrais faire comme revenu d’appoint, au lieu de mettre l’accent sur mon projet. Pourquoi ? Parce que j’ai peur de ne pas réussir.
- Qu’est-ce qui se cache derrière cette peur du manque ? La croyance que je ne suis pas à la hauteur. Pourquoi ? Parce que je me sens imposteur. Pourquoi ? Parce que je ne reconnais pas toujours ma valeur. Pourquoi ? Parce que j’ai de la difficulté à trouver ce qui me distingue des autres, ce qui fait ma force.
- Que pouvez-vous faire maintenant pour réduire cette peur ? Me concentrer sur un projet et le rendre à terme. Comment ? En éliminant les distractions. Comment ? En me désabonnant des listes de distribution qui ne soutiennent pas directement mon projet. Quoi d’autre ? En déterminant et en respectant un bloc de 2 h chaque jour où je ne me consacrerai qu’à cela.
Vous pouvez vous poser la question « pourquoi » et « comment » le plus grand nombre de fois possible, pour aller encore plus loin dans votre réflexion. En fin de compte, vous aurez une meilleure compréhension de votre peur, d’où elle provient, et vous aurez une piste concrète pour l’apprivoiser.
Pourquoi cette méthode peut-elle vous amener à vous libérer de la peur du manque ? Parce qu’elle met l’accent sur les actions que vous pouvez entreprendre. Lorsque vous êtes dans l’action, la peur s’estompe, elle n’est plus le centre de votre univers. Elle a moins d’emprise sur vous. Le stress diminue, et votre motivation augmente, ce qui vous aide à accomplir les tâches que vous vous êtes fixées et saisir les opportunités.
En résumé
La peur du manque est liée à nos besoins fondamentaux. Pour apprivoiser cette peur, vous pouvez trouver une façon de combler ces besoins. Et une méthode simple pour ce faire consiste à vous poser les bonnes questions. Cependant, n’oubliez pas que réfléchir est une chose, mais le processus ne sera jamais achevé tant que vous ne passerez pas à l’action !
Excellent, je vais l’essayer.
Merci Anick !